François Mauriac & Jean Paulhan | Correspondance 1925-1967

28,00 €

Pour François Mauriac, alors jeune romancier que Genitrix (1923) avait fait connaître, La Nouvelle Revue française était, comme il l’affirma, « son évangile ». Jean Paulhan, qui venait, en 1925, d’en être nommé le rédacteur en chef, maintint et renforça le lien avec l’écrivain, posément instauré par Jacques Rivière.

Mais Jean Paulhan ne se priva pas de lui faire sentir que La NRF ne serait jamais, pour lui, un lieu sûr ou acquis : dès 1928, André Gide, qui multiplie les flèches contre la religion dans son Journal, reproche à François Mauriac d’« aimer Dieu sans perdre de vue Mammon » ; en 1930, Jean Prévost et Marcel Arland ne sont pas tendres envers ses livres dont ils ont à rendre compte ; dans chaque livraison, François Mauriac peut déceler une attaque contre le catholicisme qu’il représente : « La Revue n’est plus cette rose des vents que j’aimais malgré et contre tout », regrette-t-il en 1931, à la veille de fonder sa propre revue qui n’arrivera jamais à faire contrepoids, Vigile

Pourtant, il a conscience du rôle très particulier que La NRF peut jouer pour lui : « Vous êtes le seul mauvais lieu, écrit-il à Jean Paulhan le 21 juillet 1936, où je puisse dire certaines choses... »

En février 1939, il n’est plus question de double jeu : certainement à l’instigation du directeur de La NRF, Jean-Paul Sartre attaque de front le romancier à succès : « Dieu n’est pas un artiste ; M. Mauriac non plus. »

La Résistance, dans laquelle ils s’engagent tous deux, en compagnie de leur ami commun Jean Blanzat, les rapproche, les rendant presque complices. Dans la lutte contre les excès de l’Épuration, ils sont également du même bord, malgré quelques différends ponctuels.

Mais en janvier 1953, La NRF, compromise sous l’Occupation par Pierre Drieu La Rochelle, renaît de ses cendres sous la direction de Jean Paulhan et Marcel Arland : Mauriac, devenu de son côté le codirecteur de la revue La Table ronde, s’en indigne, raillant « cette chère vieille dame tondue, dont les cheveux ont mis huit ans à repousser »…

La dernière décennie de leur correspondance, plus clairsemée, mêle la politique, en particulier la guerre d’Algérie, la littérature érotique (Sade et Histoire d’O) et la troublante réalité de la foi – cet axe central de François Mauriac, que Jean Paulhan ne cesse d’interroger ou de provoquer, parfois avec malice, souvent avec gravité –, dès ses premières lettres et tout au long de leur échange : « Mais je ne cesserai pas de sitôt de me demander, écrit-il le 21 avril 1943 : François Mauriac aurait-il inventé le christianisme (et quelle part en aurait-il inventée) si le christianisme ne lui avait pas été donné ? (Peut-être la question vous paraît-elle chimérique ? Je m’assure pourtant que vous avez dû souvent vous la poser.)»

Malgré des goûts littéraires divergents, des convictions politiques et religieuses souvent opposées, leur conversation épistolaire (293 lettres pendant plus de quarante années) est vraiment celle de deux « esprits libres et cœurs sensibles », comme le souhaitait François Mauriac. Elle prend fin en 1967, un an avant la mort de Jean Paulhan, trois ans avant celle de François Mauriac.


Précisions

  • Édition établie, introduite et annotée par John E. Flower. Ouvrage publié avec le soutien de la Fondation La Poste.

  • 293 lettres échangées. 11 lettres reproduites en fac-similés. 2 photographies inédites en n. & b. Index des personnes citées. Index des titres cités.

  • Édition originale : sortie le 19 novembre 2001. Collection « Correspondances de Jean Paulhan ». Tirage à 1100 exemplaires. Nouvelle édition revue et corrigée, tirée à 800 exemplaires : fin décembre 2001. Impression en caractères Esprit, sur papier Minotaure ivoire 90 g., sous couverture rempliée vert d’eau moucheté.

  • 13 x 21, 5 cm. 376 pages.

  • Isbn : 2-912222-15-X.

  • Prix de vente public : 28 €.

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Pour François Mauriac, alors jeune romancier que Genitrix (1923) avait fait connaître, La Nouvelle Revue française était, comme il l’affirma, « son évangile ». Jean Paulhan, qui venait, en 1925, d’en être nommé le rédacteur en chef, maintint et renforça le lien avec l’écrivain, posément instauré par Jacques Rivière.

Mais Jean Paulhan ne se priva pas de lui faire sentir que La NRF ne serait jamais, pour lui, un lieu sûr ou acquis : dès 1928, André Gide, qui multiplie les flèches contre la religion dans son Journal, reproche à François Mauriac d’« aimer Dieu sans perdre de vue Mammon » ; en 1930, Jean Prévost et Marcel Arland ne sont pas tendres envers ses livres dont ils ont à rendre compte ; dans chaque livraison, François Mauriac peut déceler une attaque contre le catholicisme qu’il représente : « La Revue n’est plus cette rose des vents que j’aimais malgré et contre tout », regrette-t-il en 1931, à la veille de fonder sa propre revue qui n’arrivera jamais à faire contrepoids, Vigile

Pourtant, il a conscience du rôle très particulier que La NRF peut jouer pour lui : « Vous êtes le seul mauvais lieu, écrit-il à Jean Paulhan le 21 juillet 1936, où je puisse dire certaines choses... »

En février 1939, il n’est plus question de double jeu : certainement à l’instigation du directeur de La NRF, Jean-Paul Sartre attaque de front le romancier à succès : « Dieu n’est pas un artiste ; M. Mauriac non plus. »

La Résistance, dans laquelle ils s’engagent tous deux, en compagnie de leur ami commun Jean Blanzat, les rapproche, les rendant presque complices. Dans la lutte contre les excès de l’Épuration, ils sont également du même bord, malgré quelques différends ponctuels.

Mais en janvier 1953, La NRF, compromise sous l’Occupation par Pierre Drieu La Rochelle, renaît de ses cendres sous la direction de Jean Paulhan et Marcel Arland : Mauriac, devenu de son côté le codirecteur de la revue La Table ronde, s’en indigne, raillant « cette chère vieille dame tondue, dont les cheveux ont mis huit ans à repousser »…

La dernière décennie de leur correspondance, plus clairsemée, mêle la politique, en particulier la guerre d’Algérie, la littérature érotique (Sade et Histoire d’O) et la troublante réalité de la foi – cet axe central de François Mauriac, que Jean Paulhan ne cesse d’interroger ou de provoquer, parfois avec malice, souvent avec gravité –, dès ses premières lettres et tout au long de leur échange : « Mais je ne cesserai pas de sitôt de me demander, écrit-il le 21 avril 1943 : François Mauriac aurait-il inventé le christianisme (et quelle part en aurait-il inventée) si le christianisme ne lui avait pas été donné ? (Peut-être la question vous paraît-elle chimérique ? Je m’assure pourtant que vous avez dû souvent vous la poser.)»

Malgré des goûts littéraires divergents, des convictions politiques et religieuses souvent opposées, leur conversation épistolaire (293 lettres pendant plus de quarante années) est vraiment celle de deux « esprits libres et cœurs sensibles », comme le souhaitait François Mauriac. Elle prend fin en 1967, un an avant la mort de Jean Paulhan, trois ans avant celle de François Mauriac.


Précisions

  • Édition établie, introduite et annotée par John E. Flower. Ouvrage publié avec le soutien de la Fondation La Poste.

  • 293 lettres échangées. 11 lettres reproduites en fac-similés. 2 photographies inédites en n. & b. Index des personnes citées. Index des titres cités.

  • Édition originale : sortie le 19 novembre 2001. Collection « Correspondances de Jean Paulhan ». Tirage à 1100 exemplaires. Nouvelle édition revue et corrigée, tirée à 800 exemplaires : fin décembre 2001. Impression en caractères Esprit, sur papier Minotaure ivoire 90 g., sous couverture rempliée vert d’eau moucheté.

  • 13 x 21, 5 cm. 376 pages.

  • Isbn : 2-912222-15-X.

  • Prix de vente public : 28 €.

Pour François Mauriac, alors jeune romancier que Genitrix (1923) avait fait connaître, La Nouvelle Revue française était, comme il l’affirma, « son évangile ». Jean Paulhan, qui venait, en 1925, d’en être nommé le rédacteur en chef, maintint et renforça le lien avec l’écrivain, posément instauré par Jacques Rivière.

Mais Jean Paulhan ne se priva pas de lui faire sentir que La NRF ne serait jamais, pour lui, un lieu sûr ou acquis : dès 1928, André Gide, qui multiplie les flèches contre la religion dans son Journal, reproche à François Mauriac d’« aimer Dieu sans perdre de vue Mammon » ; en 1930, Jean Prévost et Marcel Arland ne sont pas tendres envers ses livres dont ils ont à rendre compte ; dans chaque livraison, François Mauriac peut déceler une attaque contre le catholicisme qu’il représente : « La Revue n’est plus cette rose des vents que j’aimais malgré et contre tout », regrette-t-il en 1931, à la veille de fonder sa propre revue qui n’arrivera jamais à faire contrepoids, Vigile

Pourtant, il a conscience du rôle très particulier que La NRF peut jouer pour lui : « Vous êtes le seul mauvais lieu, écrit-il à Jean Paulhan le 21 juillet 1936, où je puisse dire certaines choses... »

En février 1939, il n’est plus question de double jeu : certainement à l’instigation du directeur de La NRF, Jean-Paul Sartre attaque de front le romancier à succès : « Dieu n’est pas un artiste ; M. Mauriac non plus. »

La Résistance, dans laquelle ils s’engagent tous deux, en compagnie de leur ami commun Jean Blanzat, les rapproche, les rendant presque complices. Dans la lutte contre les excès de l’Épuration, ils sont également du même bord, malgré quelques différends ponctuels.

Mais en janvier 1953, La NRF, compromise sous l’Occupation par Pierre Drieu La Rochelle, renaît de ses cendres sous la direction de Jean Paulhan et Marcel Arland : Mauriac, devenu de son côté le codirecteur de la revue La Table ronde, s’en indigne, raillant « cette chère vieille dame tondue, dont les cheveux ont mis huit ans à repousser »…

La dernière décennie de leur correspondance, plus clairsemée, mêle la politique, en particulier la guerre d’Algérie, la littérature érotique (Sade et Histoire d’O) et la troublante réalité de la foi – cet axe central de François Mauriac, que Jean Paulhan ne cesse d’interroger ou de provoquer, parfois avec malice, souvent avec gravité –, dès ses premières lettres et tout au long de leur échange : « Mais je ne cesserai pas de sitôt de me demander, écrit-il le 21 avril 1943 : François Mauriac aurait-il inventé le christianisme (et quelle part en aurait-il inventée) si le christianisme ne lui avait pas été donné ? (Peut-être la question vous paraît-elle chimérique ? Je m’assure pourtant que vous avez dû souvent vous la poser.)»

Malgré des goûts littéraires divergents, des convictions politiques et religieuses souvent opposées, leur conversation épistolaire (293 lettres pendant plus de quarante années) est vraiment celle de deux « esprits libres et cœurs sensibles », comme le souhaitait François Mauriac. Elle prend fin en 1967, un an avant la mort de Jean Paulhan, trois ans avant celle de François Mauriac.


Précisions

  • Édition établie, introduite et annotée par John E. Flower. Ouvrage publié avec le soutien de la Fondation La Poste.

  • 293 lettres échangées. 11 lettres reproduites en fac-similés. 2 photographies inédites en n. & b. Index des personnes citées. Index des titres cités.

  • Édition originale : sortie le 19 novembre 2001. Collection « Correspondances de Jean Paulhan ». Tirage à 1100 exemplaires. Nouvelle édition revue et corrigée, tirée à 800 exemplaires : fin décembre 2001. Impression en caractères Esprit, sur papier Minotaure ivoire 90 g., sous couverture rempliée vert d’eau moucheté.

  • 13 x 21, 5 cm. 376 pages.

  • Isbn : 2-912222-15-X.

  • Prix de vente public : 28 €.