Georges Hyvernaud | Lettres de Poméranie 1940-1945
Une fameuse gorgée de poison
(Arthur Rimbaud, cité par Georges Hyvernaud)
Né le 22 février 1902 dans la banlieue d'Angoulême, au sein d'une famille ouvrière et paysanne, Georges Hyvernaud fut professeur de lettres des Écoles normales d'Instituteurs d'Arras, puis de Rouen.
Dans les années trente, il collabore notamment aux Primaires, aux Marges, à La Grande Revue et rejoint les intellectuels antifascistes. En 1936, il épouse Andrée Derome.
Mobilisé, il vit la Drôle de Guerre dans le Nord, mais son unité de « pionniers » est capturée par les Allemands, dès la fin de mai 1940.
C'est le début d'un interminable temps de captivité, parfaitement absurde : « Après 18 mois de barbelés, on se sent tellement en marge, tellement hors du jeu, qu'on ne saisit plus très exactement le rapport qu'il y a entre M. Hyvernaud, professeur à Turgot ou ailleurs et le Kriegsgefangener N° 995 qui vient de torcher sa gamelle avec un morceau de pain et qui cherche un bout de ficelle pour faire sécher ses chaussettes »…
« Hors du jeu », Georges Hyvernaud le demeurera jusqu'en avril 1945, prisonnier des oflags du Grand Reich : Grossborn, Arnswalde, Soest enfin… Dans le tumulte des blocks, des barackes et des stubes, sa survie s'organise : simulacres de distractions ; attente des colis de vivres et de livres ; lectures et conférences ; prise de notes dans ses carnets de captivité et écriture de Voie de garage ; échange incertain, sous le regard des censeurs du camp, de lettres « si brèves, si peu intimes », avec sa femme.
Mais la fin du cauchemar est toujours remise à plus tard : « Les heures passent comme elles peuvent, avec, quelquefois (c'est le cas aujourd'hui), un orage sur la popote. Les passions s'exaltent et retombent. Ça fait un peu de variété. Ah ! sortir de ce marais de sottise, d'aigreur, de petitesse ! Comme je rêve dans mes nuits de 12 heures (moitié sommeil, moitié veille) au temps où nous reconstituerons notre paradis perdu – où je me décrasserai de tout ça. »
Ces 228 lettres de Georges Hyvernaud forment le contrepoint, empreint d'un humour désolé, de ses impitoyables Carnets d'oflag (1987) et prennent la suite des lettres envoyées à sa femme pendant la Drôle de Guerre, que j'ai publiées en 1991, sous le titre L'Ivrogne et l'Emmerdeur (Seghers). Mais elles livrent également un témoignage historique, d'un réalisme rare, sur la vie quotidienne dans les camps d'officiers…
De ces années perdues, Georges Hyvernaud parviendra à sauver – outre ses Carnets et ses lettres – le manuscrit de son premier récit publié après-guerre, La Peau et les Os (1949), que Jean-Paul Sartre donna dans Les Temps modernes dès décembre 1946, que Roger Martin du Gard apprécia, que Raymond Guérin préfacera.
Mais son deuxième récit, Le Wagon à vaches paraît en 1953 dans l'indifférence générale, sinon l'hostilité. Lettre anonyme que, découragé, il abandonna vers 1954, ne sera publié qu'après sa mort survenue le 24 mars 1983…
Grâce à Jean José Marchand et Paul Fournel, cette œuvre allait être cependant redécouverte et publiée en 4 volumes chez Ramsay (de 1985 à 1987 ), avec des préfaces de René Etiemble et Roland Desné, entre autres : tous ces titres sont aujourd'hui repris par Le Dilettante, qui a réédité, en février 2002, Lettre anonyme.
Grâce aussi à Serge Teyssot-Gay («Noir Désir») qui a récemment mis en musique des textes de Georges Hyvernaud, grâce à une revue comme Plein Chant, qui a consacré une précieuse livraison à l'écrivain (1996) et à la Société des Lecteurs de Georges Hyvernaud qui vient d'être fondée, grâce encore à des comédiens comme Didier Besace et Jacques Gamblin, qui lisent Hyvernaud en public, son nom – et son œuvre – revivent.
Édition présentée par Andrée Hyvernaud & annotée par Guy Durliat, ex-professeur au département de Biochimie-Génie biologique de l’ENS de Cachan et ancien élève de Georges et Andrée Hyvernaud à l’EN d’Instituteurs d’Auteuil.
Contenu
228 lettres et cartes, réparties en 3 périodes : « Lettres de Grossborn (1940-1942) », « Lettres d’Arnswalde (1942-1945) », « Lettres de Soest (1945) ».
40 photographies d’archives et fac-similés.
8 Annexes : « Les Conférences à l’oflag IID - IIB », « Les Livres et les Bibliothèques aux camps », « La Presse à l’oflag », « Le Mirage du rapatriement et la Mission Scapini », « Scènes de théâtre », « Pour une “nouvelle” littérature française », « Évasions et Sanctions », « Faits et Lettres ».
Bibliographie sélective.
Index des Noms et Index des Titres.
Précisions
Édition originale : sortie le 2 avril 2002. Tirage à 850 exemplaires.
Collection « Pour Mémoire ».
Impression en caractères Plantin, sur papier Minotaure ivoire 90 g., sous couverture rempliée couleur brique.
13 x 21, 5 cm. 384 pages.
Isbn : 2-912222-16-8.
Prix de Vente public : 33 €.
Une fameuse gorgée de poison
(Arthur Rimbaud, cité par Georges Hyvernaud)
Né le 22 février 1902 dans la banlieue d'Angoulême, au sein d'une famille ouvrière et paysanne, Georges Hyvernaud fut professeur de lettres des Écoles normales d'Instituteurs d'Arras, puis de Rouen.
Dans les années trente, il collabore notamment aux Primaires, aux Marges, à La Grande Revue et rejoint les intellectuels antifascistes. En 1936, il épouse Andrée Derome.
Mobilisé, il vit la Drôle de Guerre dans le Nord, mais son unité de « pionniers » est capturée par les Allemands, dès la fin de mai 1940.
C'est le début d'un interminable temps de captivité, parfaitement absurde : « Après 18 mois de barbelés, on se sent tellement en marge, tellement hors du jeu, qu'on ne saisit plus très exactement le rapport qu'il y a entre M. Hyvernaud, professeur à Turgot ou ailleurs et le Kriegsgefangener N° 995 qui vient de torcher sa gamelle avec un morceau de pain et qui cherche un bout de ficelle pour faire sécher ses chaussettes »…
« Hors du jeu », Georges Hyvernaud le demeurera jusqu'en avril 1945, prisonnier des oflags du Grand Reich : Grossborn, Arnswalde, Soest enfin… Dans le tumulte des blocks, des barackes et des stubes, sa survie s'organise : simulacres de distractions ; attente des colis de vivres et de livres ; lectures et conférences ; prise de notes dans ses carnets de captivité et écriture de Voie de garage ; échange incertain, sous le regard des censeurs du camp, de lettres « si brèves, si peu intimes », avec sa femme.
Mais la fin du cauchemar est toujours remise à plus tard : « Les heures passent comme elles peuvent, avec, quelquefois (c'est le cas aujourd'hui), un orage sur la popote. Les passions s'exaltent et retombent. Ça fait un peu de variété. Ah ! sortir de ce marais de sottise, d'aigreur, de petitesse ! Comme je rêve dans mes nuits de 12 heures (moitié sommeil, moitié veille) au temps où nous reconstituerons notre paradis perdu – où je me décrasserai de tout ça. »
Ces 228 lettres de Georges Hyvernaud forment le contrepoint, empreint d'un humour désolé, de ses impitoyables Carnets d'oflag (1987) et prennent la suite des lettres envoyées à sa femme pendant la Drôle de Guerre, que j'ai publiées en 1991, sous le titre L'Ivrogne et l'Emmerdeur (Seghers). Mais elles livrent également un témoignage historique, d'un réalisme rare, sur la vie quotidienne dans les camps d'officiers…
De ces années perdues, Georges Hyvernaud parviendra à sauver – outre ses Carnets et ses lettres – le manuscrit de son premier récit publié après-guerre, La Peau et les Os (1949), que Jean-Paul Sartre donna dans Les Temps modernes dès décembre 1946, que Roger Martin du Gard apprécia, que Raymond Guérin préfacera.
Mais son deuxième récit, Le Wagon à vaches paraît en 1953 dans l'indifférence générale, sinon l'hostilité. Lettre anonyme que, découragé, il abandonna vers 1954, ne sera publié qu'après sa mort survenue le 24 mars 1983…
Grâce à Jean José Marchand et Paul Fournel, cette œuvre allait être cependant redécouverte et publiée en 4 volumes chez Ramsay (de 1985 à 1987 ), avec des préfaces de René Etiemble et Roland Desné, entre autres : tous ces titres sont aujourd'hui repris par Le Dilettante, qui a réédité, en février 2002, Lettre anonyme.
Grâce aussi à Serge Teyssot-Gay («Noir Désir») qui a récemment mis en musique des textes de Georges Hyvernaud, grâce à une revue comme Plein Chant, qui a consacré une précieuse livraison à l'écrivain (1996) et à la Société des Lecteurs de Georges Hyvernaud qui vient d'être fondée, grâce encore à des comédiens comme Didier Besace et Jacques Gamblin, qui lisent Hyvernaud en public, son nom – et son œuvre – revivent.
Édition présentée par Andrée Hyvernaud & annotée par Guy Durliat, ex-professeur au département de Biochimie-Génie biologique de l’ENS de Cachan et ancien élève de Georges et Andrée Hyvernaud à l’EN d’Instituteurs d’Auteuil.
Contenu
228 lettres et cartes, réparties en 3 périodes : « Lettres de Grossborn (1940-1942) », « Lettres d’Arnswalde (1942-1945) », « Lettres de Soest (1945) ».
40 photographies d’archives et fac-similés.
8 Annexes : « Les Conférences à l’oflag IID - IIB », « Les Livres et les Bibliothèques aux camps », « La Presse à l’oflag », « Le Mirage du rapatriement et la Mission Scapini », « Scènes de théâtre », « Pour une “nouvelle” littérature française », « Évasions et Sanctions », « Faits et Lettres ».
Bibliographie sélective.
Index des Noms et Index des Titres.
Précisions
Édition originale : sortie le 2 avril 2002. Tirage à 850 exemplaires.
Collection « Pour Mémoire ».
Impression en caractères Plantin, sur papier Minotaure ivoire 90 g., sous couverture rempliée couleur brique.
13 x 21, 5 cm. 384 pages.
Isbn : 2-912222-16-8.
Prix de Vente public : 33 €.
Une fameuse gorgée de poison
(Arthur Rimbaud, cité par Georges Hyvernaud)
Né le 22 février 1902 dans la banlieue d'Angoulême, au sein d'une famille ouvrière et paysanne, Georges Hyvernaud fut professeur de lettres des Écoles normales d'Instituteurs d'Arras, puis de Rouen.
Dans les années trente, il collabore notamment aux Primaires, aux Marges, à La Grande Revue et rejoint les intellectuels antifascistes. En 1936, il épouse Andrée Derome.
Mobilisé, il vit la Drôle de Guerre dans le Nord, mais son unité de « pionniers » est capturée par les Allemands, dès la fin de mai 1940.
C'est le début d'un interminable temps de captivité, parfaitement absurde : « Après 18 mois de barbelés, on se sent tellement en marge, tellement hors du jeu, qu'on ne saisit plus très exactement le rapport qu'il y a entre M. Hyvernaud, professeur à Turgot ou ailleurs et le Kriegsgefangener N° 995 qui vient de torcher sa gamelle avec un morceau de pain et qui cherche un bout de ficelle pour faire sécher ses chaussettes »…
« Hors du jeu », Georges Hyvernaud le demeurera jusqu'en avril 1945, prisonnier des oflags du Grand Reich : Grossborn, Arnswalde, Soest enfin… Dans le tumulte des blocks, des barackes et des stubes, sa survie s'organise : simulacres de distractions ; attente des colis de vivres et de livres ; lectures et conférences ; prise de notes dans ses carnets de captivité et écriture de Voie de garage ; échange incertain, sous le regard des censeurs du camp, de lettres « si brèves, si peu intimes », avec sa femme.
Mais la fin du cauchemar est toujours remise à plus tard : « Les heures passent comme elles peuvent, avec, quelquefois (c'est le cas aujourd'hui), un orage sur la popote. Les passions s'exaltent et retombent. Ça fait un peu de variété. Ah ! sortir de ce marais de sottise, d'aigreur, de petitesse ! Comme je rêve dans mes nuits de 12 heures (moitié sommeil, moitié veille) au temps où nous reconstituerons notre paradis perdu – où je me décrasserai de tout ça. »
Ces 228 lettres de Georges Hyvernaud forment le contrepoint, empreint d'un humour désolé, de ses impitoyables Carnets d'oflag (1987) et prennent la suite des lettres envoyées à sa femme pendant la Drôle de Guerre, que j'ai publiées en 1991, sous le titre L'Ivrogne et l'Emmerdeur (Seghers). Mais elles livrent également un témoignage historique, d'un réalisme rare, sur la vie quotidienne dans les camps d'officiers…
De ces années perdues, Georges Hyvernaud parviendra à sauver – outre ses Carnets et ses lettres – le manuscrit de son premier récit publié après-guerre, La Peau et les Os (1949), que Jean-Paul Sartre donna dans Les Temps modernes dès décembre 1946, que Roger Martin du Gard apprécia, que Raymond Guérin préfacera.
Mais son deuxième récit, Le Wagon à vaches paraît en 1953 dans l'indifférence générale, sinon l'hostilité. Lettre anonyme que, découragé, il abandonna vers 1954, ne sera publié qu'après sa mort survenue le 24 mars 1983…
Grâce à Jean José Marchand et Paul Fournel, cette œuvre allait être cependant redécouverte et publiée en 4 volumes chez Ramsay (de 1985 à 1987 ), avec des préfaces de René Etiemble et Roland Desné, entre autres : tous ces titres sont aujourd'hui repris par Le Dilettante, qui a réédité, en février 2002, Lettre anonyme.
Grâce aussi à Serge Teyssot-Gay («Noir Désir») qui a récemment mis en musique des textes de Georges Hyvernaud, grâce à une revue comme Plein Chant, qui a consacré une précieuse livraison à l'écrivain (1996) et à la Société des Lecteurs de Georges Hyvernaud qui vient d'être fondée, grâce encore à des comédiens comme Didier Besace et Jacques Gamblin, qui lisent Hyvernaud en public, son nom – et son œuvre – revivent.
Édition présentée par Andrée Hyvernaud & annotée par Guy Durliat, ex-professeur au département de Biochimie-Génie biologique de l’ENS de Cachan et ancien élève de Georges et Andrée Hyvernaud à l’EN d’Instituteurs d’Auteuil.
Contenu
228 lettres et cartes, réparties en 3 périodes : « Lettres de Grossborn (1940-1942) », « Lettres d’Arnswalde (1942-1945) », « Lettres de Soest (1945) ».
40 photographies d’archives et fac-similés.
8 Annexes : « Les Conférences à l’oflag IID - IIB », « Les Livres et les Bibliothèques aux camps », « La Presse à l’oflag », « Le Mirage du rapatriement et la Mission Scapini », « Scènes de théâtre », « Pour une “nouvelle” littérature française », « Évasions et Sanctions », « Faits et Lettres ».
Bibliographie sélective.
Index des Noms et Index des Titres.
Précisions
Édition originale : sortie le 2 avril 2002. Tirage à 850 exemplaires.
Collection « Pour Mémoire ».
Impression en caractères Plantin, sur papier Minotaure ivoire 90 g., sous couverture rempliée couleur brique.
13 x 21, 5 cm. 384 pages.
Isbn : 2-912222-16-8.
Prix de Vente public : 33 €.